dimanche 17 février 2013

BRÉSIL • Les dauphins roses d’Amazonie : une espèce menacée


 L'alternative à cette aberration : la reproduction artificielle de ce poisson-chat, développé l'aquaculture de cette espèce en se basant sur des études d'autres espèces de poissons-chats comme aux états-unis ou en Asie du sud-est....... Revenons sur cette histoire ci-dessous

http://www.courrierinternational.com/article/2011/05/31/les-dauphins-roses-d-amazonie-une-espece-menacee

BRÉSIL • Les dauphins roses d’Amazonie : une
espèce menacée
Le dauphin d’eau douce qui peuple les fleuves d’Amazonie est en voie d’extinction. Figure de légende qui
inspire la méfiance, on le capture pour utiliser sa chair comme appât, explique The New York Times.






Les gens qui vivent au bord des cours d’eau de la forêt amazonienne se racontent toujours les légendes
des dauphins roses, ces créatures magiques qui peuvent se changer en hommes et féconder les femmes.
Ils ont inspiré les musiciens brésiliens, qui chantent avec passion “l’oeil du dauphin de rivière”. En
revanche, pour Ronan Benicio Rego, un pêcheur d’Igarapé do Costa [Etat de l’Amazonas], les dauphins
roses sont à la fois des concurrents et des proies.

Il en a déjà tué plusieurs pour s’en servir comme appât quand il pêche des poissons-chats, qui seront
vendus ensuite au Brésil et en Colombie.
“On veut gagner de l’argent”, déclare M. Rego, 43 ans, chef du village. Deux dauphins morts peuvent
rapporter dans les 2 400 dollars [environ 1 700 euros] en poissons-chats pour une seule journée de pêche,
explique-t-il.
Même si les dauphins roses sont protégés, les pêcheurs les considèrent comme des concurrents pour la
pêche, qui nourrit leur famille. Parfois, leur frustration déborde.

l’Amazonie qui est menacé, et cette menace illustre la difficulté de protéger l’environnement sur un vaste
territoire. Selon les chercheurs et les autorités, des centaines, sinon des milliers de dauphins parmi les
quelque 30 000 dauphins peuplant la région de l’Amazone meurent chaque année.
Pour Miguel Miguéis, 41 ans, un chercheur portugais de l’université fédérale du Pará occidental qui
étudie les populations de dauphins de rivière dans les environs de la ville de Santarém, on court à
l’extinction de l’espèce. “Ils sont en train de tuer leur culture, leur folklore”, reproche-t-il aux riverains.
A quelques heures de navigation de là, dans la réserve de Rio Trombetas, un affluent de l’Amazone où les
dauphins voisinent avec des hordes de piranhas et de crocodiles, Miguéis déclare avoir vu la population de
dauphins passer de 250 en 2009 à juste un peu plus de 50 individus au début de l’année 2011.
Les gens d’ici, au coeur de l’Amazonie, sont pour la plupart indifférents à ces massacres. Sur un marché de
Santarém, on peut acheter des parties génitales de dauphin en guise de porte-bonheur pour les questions
de sexe et d’amour. Des bocaux d’huile de dauphin voisinent avec de l’huile d’anaconda et de crocodile. La
potion d’huile de dauphin, qui coûte dans les 25 dollars [environ 17 euros] la petite bouteille, sert à
soigner les rhumatismes, explique la marchande.
Les légendes locales, qui sont bien antérieures à l’arrivée de Christophe Colomb dans le Nouveau Monde,
enseignent aux habitants de l’Amazonie qu’il faut respecter les dauphins roses tout en s’en méfiant, car ils
ont des pouvoirs magiques et peuvent faire du mal. Légendes mises à part, le massacre des dauphins de
l’Amazone commence à inquiéter sérieusement les autorités brésiliennes.
Ibama, l’agence brésilienne de protection de l’environnement, prévoit de mener une enquête pour savoir
si les pêcheurs brésiliens ne sont pas impliqués dans des activités criminelles organisées ayant des
ramifications en Colombie.

De fait, il y a une dizaine d’années, la surpêche du capaz, un
poisson très apprécié en Colombie, a provoqué l’effondrement des réserves et la quasi-disparition de
l’espèce, explique Fernando Trujillo, le directeur scientifique de la fondation Omacha, une association
écologiste de Bogotá. Pour le remplacer, les professionnels du poisson et les marchands se sont tournés
vers le piracatinga (le poisson-chat) du Brésil.
“Le consommateur n’a aucune idée de ce qu’il achète et consomme, déplore M.
Trujillo. Et il se doute encore moins qu’on tue des dauphins pour attraper ce poisson.” Les pêcheurs
d’Igarapé déclarent avoir eu l’idée de cette pêche grâce à des pêcheurs colombiens. Ils se sont vite aperçus
que le poisson-chat était une manne potentielle. “En deux heures seulement, on se faisait 100 reais [près
de 45 euros]. C’était rapide”, confie M. Rego.



Il affirme, comme d’autres, avoir arrêté de tuer des dauphins il y a à peu près un an, de peur que les
autorités ne réagissent. Désormais, affirme-t-il, il se sert de viande de porc pour attraper les poissonschats.
Mais deux femmes de pêcheurs déclarent cependant que les pêcheurs continuent à tuer des
dauphins, parfois devant chez eux.
“J’en ai vu beaucoup mourir ici”, assure l’une d’elles.
Repère
A Bogotá, écrit le correspondant du New York Times en Colombie, Andrés Garcia, 31 ans, qui tient une
poissonnerie sur le marché Paloquemao, affirme qu’il arrêterait de vendre du poisson-chat s’il savait qu’il
était pêché avec de la viande de dauphin. “Il y en a plus d’un chez nous qui dirait non à ce procédé. Je ne
voudrais pas soutenir quelque chose comme ça.” Pourtant, poursuit The New York Times, M. Trujillo, de la
fondation écologiste Omacha à Bogotá, a trouvé du poisson-chat pêché à la viande de dauphin chez deux
grands distributeurs d’alimentation de Colombie, Exito et Carrefour. Les chargés de communication de ces
deux enseignes ont rétorqué que leur société n’achetait pas leur poisson-chat au Brésil mais au Venezuela,
mais M. Trujillo doute qu’elles sachent comment on le pêche.




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